La Kappesitzung – la Fête des Chapeaux – et le Carnaval sont des fêtes populaires. Dans le Nord, en Alsace et en Lorraine elles sont de tradition rhénane.
Venues de la nuit des temps, mêlant les rites religieux et les pratiques païennes, traversant les vicissitudes historiques et les bouleversements sociaux, elles continuent à se manifester ici et là à quelques variante près, parfois teintées de modernismes.
La Kappesitzung - la Fête des Chapeaux -
La Kappesitzung a lieu généralement autour du 11 novembre, et c’est à 11 heures 11 minutes qu’on élit le Roi et la Reine du carnaval de l’année suivante.
La désignation d’un couple royal est une adaptation récente : on ne connaissait jadis que le Prince du Carnaval puisque seuls les hommes participaient à cette coutume !
En Alsace on mangeait des harengs – en Lorraine on préférait le boudin noir – autour de cette bière moussante dont les reflets ambrés ajoutaient à la gaité des tavernes…
En novembre, à Rueil on présentera donc plusieurs charcuteries, des salades variées et des plats de harengs accommodés de plusieurs façons mais toujours avec des pommes de terre.
Les fûts de bière seront au rendez-vous mais il ne sera pas demandé un certificat médical à ceux qui ne peuvent boire de ce breuvage !
On portera le chapeau, n’importe quel type de coiffures. Dans une atmosphère détendue on chantera de bon cœur ; on racontera ses bonnes – mais gentilles – histoires ; la licence liée à la période carnavalesque autorisera ce soir-là des imitations ironiques, des propos prêtant à dérision, des calembours irrévérencieux, voire des critiques moqueuses des travers du menu peuple et de la société en général.
La parole est à tous, sans protocole ; le micro passe de main en main ; prolixe et inspirée, pour un sketch presque improvisé, un monologue un refrain ou quelques bribes de dialecte… Bref, c’est la fête de tous : de ceux qui aiment exprimer publiquement ‘leur grain de folie’ et de ceux qui préfèrent le garder secret et ne s’en amusent pas moins.
Histoire de La Kappesitzung
Ce terme sans équivalent en français peut se traduire par ‘séance de couvre-chefs’. Cette fête n’est que l’ouverture des festivités du carnaval de l’année suivante selon la tradition rhénane.
A Sarreguemines, les écrits les plus anciens retrouvés sur cette période d’allégresse datent de 1590. Il s’agit d’une lettre du châtelain de la cité adressée à la cour des comptes de Nancy pour justifier une dépense de harengs et de miches de pain, vivres destinées aux participants, « comme de coutume par le passé »
Dans ces moments de renversement des règles, on respecte néanmoins des rites immuables. Tout commençait toujours le 11 du 11e mois à 11 h 11. Le Prince du Carnaval était intronisé ce jour-là.
Mais pourquoi le 11 novembre à 11h11(du soir) ?
Plusieurs hypothèses existent et cohabitent.
A Cologne, en 1341, on trouve trace d’un prince de carnaval élu par un conseil de 11 membres ! Le 11 – 1 de plus que 10 (les commandements) et 1 de moins que 12 (les apôtres) était considéré comme le chiffre le plus “fou”.
Avec ce 11, on transgresse aussi la religion, comme toutes les autres institutions.
Cette date du 11.11 aurait été fixée au 19e siècle seulement.
La région rhénane subissait d’abord l’occupation française avec les troupes révolutionnaires et plus tard celles de Napoléon, et celle de Prusse…. 11 se dit ELF en allemand et ces trois lettres rappellent les principes de la Révolution : Egalité, Liberté, Fraternité. Il s’agirait donc alors de se moquer des occupants français.
Est-ce le hasard qui a fixé l’Armistice de 1918, si important pour l’Alsace et La Lorraine annexées, un 11 novembre et l’arrêt des combats à 11 h (du matin) ?